Poils : le choc des générations

Tout comme le choc des cultures, le choc des générations existe !

Les jeunes des années 90 et leur look punk rock choquaient les générations précédentes. L’apparition d’internet, des premiers téléphones mobiles ont perturbé les habitudes des générations qui ont grandi sans numérique. Les candidats de télé-réalité d’aujourd’hui sont souvent vus comme des ovnis par nos grands-parents. Tandis que la jeune génération opte aujourd’hui pour des plateformes de streaming, papi et mamie préfèrent se contenter de la TNT. Et ça se comprend. Bref, on ne manque pas d’exemples à citer ! Et dans tout ça, les poils n’ont pas échappé au choc générationnel

Image de la pilosité : une affaire de générations

Les habitudes dépilatoires et les techniques d’épilation actuelles ne sont pas ce qu’elles étaient il y a 25 ans, 50 ans, 100 ans. Normal, l’image du poil a évolué au fil du temps. Les babyboomers ne portent pas le même regard sur les poils que la génération Y ou Z. On ne peut leur en vouloir. Les normes ont évolué. Ce qui était considéré comme « normal » ou comme « une bonne pratique » ne l’est plus aujourd’hui, et inversement. Ce qui a longtemps été considéré comme « dégoûtant » ou « sale » (comme les poils), ne l’est plus aujourd’hui. 

  • Les poils et l’après-guerre

En 1946, le premier bikini voit le jour et c’est une révolution ! Les corps des femmes se dévoilent, les poils eux, disparaissent. Dans les mœurs de l’époque, une femme ne peut avoir de poils !  On préférait ne pas aborder le sujet de la pilosité féminine, c’était tabou. La plupart des babyboomers ont grandi avec l’idée que les femmes ne doivent pas avoir de poils. Les hommes peuvent garder leurs poils mais les femmes, non !

  • Années 60

Les mini-jupes débarquent ! On parle de libération de la femme. Celles-ci revendiquent leurs droits, leurs corps, mais parallèlement, elles répondent à certaines injonctions et certains standards de beauté. Jambes dévoilées, jambes épilées ! Le secteur de l’épilation explose mais l’épilation n’est pas encore systématique chez les femmes. Certaines arborent par exemple des aisselles poilues !

  • Années 80/90

Le marché des magazines de mode est en plein boom ! Les codes sociaux sont insufflés par la presse et les médias. Pour être une femme, il faut avoir la peau lisse et douce, dépourvue de follicules pileux. Dans les années 90, l’essor des mannequins et du look androgyne incite les hommes à s’épiler de près, surtout le torse et les aisselles. Les hommes commencent à s’épiler, montrent leurs pectoraux et leur tablette de chocolat bien huilée, un sacré changement !

Mannequins des années 90

  • L’an 2000 : la gen Z vient tout bousculer

Génération ultra-connectée et multi-identitaire, la gen Z casse les codes des générations précédentes. Celle-ci ne veut plus recevoir d’ordres. Elle est quelque peu rebelle et revendique son droit de choisir ! Les codes, les injonctions et les stéréotypes de genres, c’est ciao ! La jeune génération souhaite l’égalité des sexes et se tourne donc vers des marques unisexes (coucou UNY). Bref, chacun est libre de choisir ce qu’il fait de son corps, peu importe son sexe. Les femmes s’épilent de moins en moins, et les hommes, de plus en plus. Les tendances s’inversent !

Les plus jeunes sont aussi moins dérangés ou choqués à la vue d’une femme ayant des poils sur les jambes : 29% des femmes et 50% des hommes de moins de 25 ans se disent choqués, contre respectivement 49% et 63% pour les personnes de 25 à 34 ans, et 57% et 69% pour les personnes de 35 à 49 ans ! La gen Z est plus libérée des normes esthétiques et un peu plus tolérante face aux choix esthétiques des autres.

Les habitudes dépilatoires et les mœurs en mouvements

L’image du poil a évolué, mais les habitudes dépilatoires aussi ! 

En 2014, une nouvelle mode va venir tout chambouler. Venant tout droit des États-Unis, le « dyed armpits » consiste à se colorer les poils. Des hommes comme des femmes posaient fièrement avec leurs aisselles colorées, de quoi choquer les anciennes générations !

Plus récemment, une étude Ifop menée par Charle.co en 2021, a démontré que 34% des femmes de moins de 25 ans s’épilent moins qu’avant le premier confinement, contre seulement 16% des femmes entre 25 et 34 ans, et 10% des femmes entre 35 à 49 ans. Les plus jeunes ont moins tendance à s’épiler !

Concernant les normes esthétiques relatives à l’épilation du corps féminin, 20% des femmes de moins de 25 ans souhaitent s’en libérer, contre seulement 11% pour les femmes de 50 à 64 ans et 7% pour les plus de 65 ans. Les jeunes sont plus enclins au changement !

L’image que l’on a des poils est subjective et influencée par un certain nombre d’aspects tels que la culture, la religion, le pays ou encore l’environnement familial et les mœurs de notre époque. Les poils se font plus ou moins voir, au rythme des croyances humaines. Tout comme la mode, l’histoire du poil restera sans doute en perpétuelle évolution.


Les générations se suivent, ne se ressemblent guère et se comprennent rarement. Ce choc générationnel n’est pas une nouveauté. En effet, Aristote en parlait déjà au 4e siècle avant J-C : « Les jeunes ont l’âme élevée parce qu’ils n’ont jamais été humiliés par les misères de la vie, ni pressés par le besoin. Ils pensent tout savoir et soutiennent leur opinion avec force, ce qui vient aussi de ce qu’ils font tout avec excès. » Aucune offense, toute génération passe par là. N’oublions pas que les jeunes d’aujourd’hui seront les vieux de demain !

Article par Manon Antoine.
Photo UNY.

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