Marques, boutons, poils : et si on les acceptait ? - UNY
"Quand vous êtes jeunes, personne ne vous dit que si vous vous rasez les poils pubiens, il est normal et plus que probable d’avoir des boutons liés au rasage. »
Ce sont les mots justes et réconfortants que l’on peut retrouver sous un des posts Instagram du compte @thenaturallovecompany. Ces mots, accompagnés d’une photo d’un maillot présentant des boutons, rougeurs et poils, visent à totalement décomplexer les femmes au sujet de leurs imperfections liées au rasage ou à l’épilation.
Et ces paroles résonnent en vous, pas vrai ? C’est compréhensible, car figurez-vous qu’on nous a longtemps fait croire qu’avoir une peau lisse et nette était la normalité voire une nécessité. Et si nous détruisions ses idées reçues ? Et si, finalement, on décidait d’accepter nos imperfections ?
BEAUTÉ : CE QU'ON NOUS A LONGTEMPS FAIRE CROIRE
Ces dernières années, l’industrie du porno a normalisé les vulves lisses, et les publicités à la télé n’ont fait qu’accentuer les stéréotypes de genres, notamment à travers des pubs viriles vendant des rasoirs bleus pour hommes, ainsi que des rasoirs ou produits d’épilation roses aux senteurs florales pour les femmes… Dans les années 90, la mode était aux torses et visages dépourvus de poils pour les hommes, tandis que les femmes devaient absolument s’épiler les jambes et la vulve. Pourtant, ce n’est pas ça, la normalité !
Sur internet, les articles nous donnants des astuces pour se débarrasser de nos imperfections ne se font pas prier non plus. Ils sont partout ! « Comment se débarrasser des boutons après un rasage », « 5 manières de se débarrasser des cicatrices » ou encore « 4 astuces pour une peau de bébé après une épilation », tous ces titres vendeurs témoignent de la gêne, de la honte et du mal-être que ces imperfections génèrent en nous.
Le mythe de la beauté nous opprime, et ce depuis belle lurette ! Que l’on soit un homme ou une femme, la société nous dit à quoi nous devrions ressembler, pour pouvoir être considérés comme « beaux », « belles » ou désirables, en accord avec notre genre. Dans les publicités, au cinéma, tout est calculé et mis en œuvre pour véhiculer ces stéréotypes pourtant obsolètes.
Mais en y regardant d’un peu plus prêt, ces critères varient beaucoup d’un pays à un autre, d’une culture, d’une région ou d’une période de l’histoire à une autre.
Au fond, la beauté est subjective et il n’existe pas d’indicateur universel à cela.
Dans les années 20, on aimait les femmes à petite poitrine et au visage enfantin. Nous pouvons aussi prendre l’exemple de la femme idéale des années 30 à 50 aux États-Unis. Durant l’âge d’or d’Hollywood, on préférait les femmes rondes et pulpeuse avec de grosses poitrines et une taille de guêpe. Au contraire, dans les années 60, les femmes fines au physique adulescent étaient appréciées, tandis que dans les années 90, c’était les femmes très fines et androgynes qui avaient la cote.
Ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que chacun a sa propre définition de la beauté et ces critères varient selon une multitude de facteurs, tels que la génération, la culture, la religion et tout simplement le temps et la mode. À quoi bon se casser la tête à façonner son image en fonction de critères éphémères en constante évolution ?
LES CONSÉQUENCES DE CES INJONCTIONS SUR LA BEAUTÉ ET LES POILS
Les jeunes filles et jeunes garçons passent des heures à chercher désespérément des méthodes de rasage qui leur permettraient d’obtenir une peau lisse et douce.
Depuis que nous avons commencé à nous raser ou à nous épiler, nous passons surtout des heures entières à s’inquiéter de l’état de notre peau qui nous démangent terriblement ou qui présente des rougeurs ou des boutons.
Du fait de ses mythes infondés et genrés, nous nous sentons seul.e.s, anormaux/les, oppressé.e.s, enfermé.e.s dans des cases qui ne sont ressemblent pas.
Nous sommes aussi beaucoup à hésiter ou à refuser d’aller se baigner car nous avons honte que les gens voient ces petits boutons rouges et irrités éparpillés de part et d’autre du maillot (ou sur d’autres parties de notre corps).
En bref, soit nous sommes gêné.e.s car des poils sont apparents et dépassent de notre maillot, soit nous sommes embarrassé.e.s d’avoir des boutons, marques ou cicatrices liées au rasage ou à l’épilation.
Nous nous infligeons nous-même cette honte, qui est liée en grande partie au regard des autres. Et l’arme la plus puissante contre la peur du regard des autres est l’acceptation de soi et la confiance en soi. Si nous nous acceptons avec nos imperfections, nous devenons insensibles face aux regards extérieurs.
EST-IL VRAIMENT NÉCESSAIRE D'ÊTRE "PARFAIT" AUX YEUX DE LA SOCIÉTÉ POUR SE PLAIRE ?
Le tout est de revoir la définition de la perfection à vos yeux.
Revenez en arrière et pensez à la manière dont vous perceviez votre corps à différentes étapes de votre vie et comment vous le percevez aujourd’hui ? Il y a surement des changements, des avancées. Avez-vous reçu des critiques dans le passé ? Malgré le fait que nous ayons tou.te.s été critiqué.e.s et jugé.e.s dans notre vie, dans la plupart des cas, c’est nous qui sommes le plus dur avec nous-même. Pour la majorité d’entre nous, nous nous rabaissons et nous sous-estimons. Comprendre l’origine de la souffrance ou de la honte est donc primordial.
Ensuite, il vous faudra remettre l’apparence à sa juste place. Plus nous acquérons de l’expérience, plus nous nous rendons compte que l’apparence est secondaire et que le regard des autres est surtout dans notre propre tête. Si vous faites une échelle de priorités, beaucoup de vos valeurs passeront sûrement avant votre apparence.
Essayez de rompre ce besoin de cacher ce que vous pensez être des défauts et tentez de les voir comme ils sont (c’est-à-dire normaux !). Vous éviterez ainsi l’autocritique. À chaque pensées négatives, inversez la tendance ! Complimentez-vous, remplacez-les par des gestes positifs et des paroles encourageantes !
Certes, ce changement d’habitude prendra du temps et nécessitera du courage, alors dès que vous franchirez une étape, félicitez-vous !
Vergetures, boutons, cicatrices, poils, cellulite, veines apparentes : rien de tout cela est disgracieux et rien de tout cela ne devrait susciter chez nous une quelconque honte, gêne ou angoisse. Il faut avant tout vous plaire à vous. Chercher l’approbation ou la validation de la société n’est clairement pas la clé de l’épanouissement. Avoir des imperfections est normal. Ce qui ne devrait pas être normal, c’est de croire que l’on doit répondre à ses critères de beauté pour être aimé.e.s et validé.e.s par les autres.
S’épiler, se raser ou laisser pousser, peu importe : choisissez la pratique qui vous convient et qui vous fait vous sentir bien.
Article rédigé par Manon Antoine.
Photo UNY